C’était un samedi matin. Les cours devaient commencer à 8h, et comme à chaque fois, je m’y rends en voiture. Il faut dire que lorsqu’on habite dans une petite ville, les transports en communs ne sont pas très pratique. Mais surtout, je n’aime pas me déplacer ainsi. Depuis que je conduis, je me sens plus libre. Il y a tellement d’avantages quant au fait de conduire la voiture que je ne compte pas la lâcher de sitôt. Maintenant, je possède une voiture diesel…
Ce matin, je me lève à 7h et je me préparais pour une matinée chargée… En quelque sorte. Une fois que je sors de chez moi, tout se passe bien. Comme tous les samedis matins, la circulation est très fluide. La conduite en devient plus agréable. Je me gare sur le parking de l’université, et c’est parti pour 5 heures de cours d’affilée ! Avec le même prof, en somme.
Les heures s’enchaînent, et comme ce prof n’est pas passionnant, elles défilent de manière très lente. De plus, la faim se fait ressentir. Je n’ai qu’une hâte, que la fin des cours soit de mise. Et vers 13h, c’était le cas. Voire même avant, car le prof aussi reste humain. Puis, qu’il parte à 12h45 ou à 13h ne change rien au niveau de l’administratif. Si ce n’est qu’il est payé 15 minutes pour rien, mais passons. L’argent de l’université est toujours aussi bien dépensé, comme tu peux le voir.
Ce serait une école de commerce où tu payes 11 000€ par an, donc que tu sais que tu payes les profs avec ton prêt étudiant et celui des autres, crois-moi que j’aurais forcé le prof à respecter ses heures. Dans le domaine de l’université, non seulement ce n’est pas moi qui le paye mais les contribuables. Qui plus est, ces derniers payent également ma bourse. Et oui, en Master 2, j’ai encore une bourse. Elle me sert à payer les restaurants, l’essence, et plein d’autres choses de la vie courante.
Donc que le prix du carburant augmente ou pas, de toute façon, c’est le Crous qui paye ! Je plaisante bien sûr, ça m’embête aussi, d’ailleurs je l’avais dit ici que ça me soûlait.
Quoi qu’il en soit, je prends la voiture pour rentrer de suite chez moi, car je n’ai pas envie de dépenser davantage. Qui plus est, une soirée m’attend le soir-même. Cependant, peu après avoir conduit sur quelques mètres, me voici bloqué. Ce n’était donc pas des menaces en l’air. La manifestation avait bien eu lieu.
Plein de gilets jaunes se trouvaient sur le premier rond-point que je croisais. Et si tu pensais être malin en te contentant de rouler au pas, histoire que les manifestants se poussent (NLDR : Ils ne font jamais ça, de toute manière), sache que des voitures arrêtés par-ci par-là m’empêchait de passer. Des voitures vides, de surcroit, leurs propriétaires étaient sur les rond-points. Je ne pouvais donc pas rentrer chez moi. Je m’apprête donc à faire demi-tour et là, je ne m’y attendais pas…
Derrière moi, des étudiants qui venaient de finir les cours (soit ceux de ma promo) participaient également à la manifestation. J’étais donc ensandwiché de partout. D’un côté, par des gens que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve (avoue qu’elle te soûle, cette expression ?). De l’autre, par des des étudiants. Je n’avais aucune idée que la manifestation allait prendre autant d’ampleur. Je pensais même que ça allait se tasser d’ici là.
Mais c’est loin d’être le cas. Un peu derrière, un mec, exaspéré de ne pas pouvoir rentrer chez lui aussi, pousse un coup de gueule. Mais ce n’est sans compter sur les gilets jaunes qui lui sont tombés dessus. Des coups de battes, des coups de poings qui n’en finissait plus. Les coups lui étaient donnés de manière violente, à 15 contre un. A la fin, après cinq bonnes minutes, l’étudiant était clairement en train d’agoniser. Une personne appela les urgences, mais personne ne répondit. En effet, on ne le savait pas, mais le personnel de l’hôpital aussi était en pleine manifestation. C’était incroyable.
La personne en question se vidait alors de son sang, et si un diagnostic vital n’était pas engagé, il risquait de mourir. Parmi les gilets jaunes, une personne prend la parole et dit :
« Une autre personne contre cette manifestation ? Qu’elle ouvre sa gueule ! »
Bien évidemment, personne ne répondit. Pris de panique, j’ai ouvert la boite à gants, j’ai pris le sachet contenant le gilet jaune et je l’ai directement placé sur le devant de la voiture. De peur de me faire tabasser, je criais :
« Non à l’augmentation du prix du gazole ! »
« Et le SP 95 alors ? » me répondit-on. « Oui, enfin, non à l’augmentation du prix de l’essence SP 95 et SP 98 » criais-je, de peur de me faire tabasser par les pros-SP.
Je me retrouvais donc coincé toute l’après-midi, et je n’avais aucun moyen de partir. Les manifestants ne se fatiguaient pas, et pour ceux qui avaient faim, un Quick n’était pas loin. Ce sera d’ailleurs le seul jour où le Quick sera rentable. Je faisais mine de participer à la manifestation, quitte à porter le gilet jaune sur moi. Je voulais me faire passer pour l’un des leurs, n’ayant aucune envie de finir comme le mec de toute à l’heure.
Finalement, le SAMU est allé le chercher une heure et demi plus tard. Certains manifestants ont laissé le véhicule de secours circuler malgré tout, mais ils l’encerclaient tout de même, afin que d’autres n’en profitent pas pour rentrer chez eux. Quant au mec, aux dernières nouvelles, il va bien. Même s’il est dans un de ces états… D’autant plus que certains gilets jaunes ont tenté de le soigner, pour ne pas avoir une mort sur la conscience.
Quelques temps après…
Il était 19h, la nuit était tombé. Le gouvernement n’avait rien annoncé depuis, et a même puni les manifestants. Macron avait annoncé vers 19h30 la décision suivante :
« Comme vous avez figé le pays tout entier pendant des heures, on a perdu de l’argent. En tant que président, j’annonce que la taxe TICPE va augmenter plus vite que prévu, car l’écologie est importante et visiblement, vous n’avez pas compris mon message. Donc à partir du 1er janvier, j’annonce une augmentation de 2€ du prix du gasoil ainsi que 1€ pour le prix de l’essence. »
La colère s’installait chez les gilets jaunes. Un litre de gasoil à 3,50€, personne ne pouvait l’imaginer. Surtout que le litre d’essence passe donc à 2,50€, donc il n’est même pas aligné au prix du litre de gasoil. Même l’E85, le super-éthanol, se trouvé pénalisé puisqu’il passera donc à 1,01€. l’E85 contenant environ 15% d’essence classique, la taxe TICPE est également appliqué dessus, mais à moindre mesure. Ce n’est pas catastrophique, mais le carburant devient tout à coup moins malin.
Quoi qu’il en soit, cette colère est telle que la simple manifestation devient alors une purge, qui sera prolongé jusqu’au lundi matin. Tout le monde commence à se battre contre tout le monde, certains sont même prêt à tuer. Le pays devient fou et le lundi matin, à 8h, le pays est dans un tel état qu’on n’aurait pu imaginer. Une sorte de guerre entre les individus, qui se sont affrontés.
Parce que la différence de taxation à crée des conflits, les pros-diesel n’ont pas apprécié le fait que les pros-essence soient moins taxé. La solidarité n’est plus, deux clans se sont formés suite à cette annonce. La colère qui émane tout de même du fait de voir que non seulement, cette manifestation n’a servi à rien. Mais en plus, elle a gravement empiré la situation…
C’est donc un lundi matin que les citoyens, font le plein d’essence. Les gilets jaunes, quant à eux, sont retournés définitivement dans la boite à gants. Ils se disent que finalement, au vu de la future taxation qui les attend, 1,48€ le litre de diesel (ou de SP 95), ce n’est pas si élevé que ça. Par la suite, ils vont voir leur employeur qui va leur donner des tâches ingrates pour un SMIC de 1200€ par mois. La plupart se rendent compte que manifester un week-end, c’est un mauvais plan. Car au final, ils n’ont pas profiter du peu de liberté que leur patron daigne leur octroyer.
Cet article est purement parodique, c’est bien sûr à prendre au second degré. Je soutiens la manifestation du 17 novembre contre l’augmentation du prix du carburant (que ce soit SP 95, SP 98 ou gasoil) et j’espère que cette manifestation fera bouger les choses. Courage aux gilets jaunes !